
Ligne SNCF Paris-Brest : Communication du président de la CCIMBO
"Paris-Brest en 3h30, ce n'est pas si mal", assurait le président de la SNCF au Télégramme le 13 juillet dernier.
Suite à ces déclarations sur la ligne Paris-Brest, le président de la CCIMBO, Claude RAVALEC, a réagit aux propos, avec la présence d'un courrier adressé au président-directeur général de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU.
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Monsieur le Président,
Le 13 courant, le Télégramme a publié, sous le titre "Paris - Brest en 3h30, ce n'est pas si mal", des propos qui vous sont attribués. Je souhaite, par la présente, vous rappeler l'importance cruciale, pour les entreprises du Finistère, d'une amélioration rapide et la qualité de l'accessibilité de l'ensemble de notre territoire, ainsi que la nécessité absolue de voir tenus les engagements pris par l’État en la matière.
À la question "Qu'en est-il de la promesse de la LGV avec un Paris-Brest en 3h, alors qu'on en reste à 3h30 ?", le quotidien rapporte les propos suivants : "Ce n'est déjà pas si mal. Vous demanderez aux Toulousains et aux Clermontois ce qu'ils en pensent... En vérité, pour gagner une demi-heure, il faut investir plusieurs milliards d'euros. Est-ce indispensable ou faut-il utiliser cet argent pour financer d'autres priorités du développement du ferroviaire?".
En premier lieu, je me dois d'attirer votre attention sur le fait qu'il est ici question du désenclavement de territoires périphériques, acte politique par essence. En 2019, la signature du Pacte d'accessibilité et de mobilité pour la Bretagne entre l’État et la Région Bretagne avait, justement, confirmé la nécessité de placer Brest et Quimper à 3h de Paris, en condition commerciale. Cet engagement ne peut être remis en question et doit être tenu.
Depuis des décennies, la partie ouest de la Bretagne milite pour être reliée à la capitale dans des conditions similaires à celle des autres régions. Actuellement, alors que Brest et Quimper sont à égale distance de Bordeaux de Paris, le temps commercial de trajet en train approche du double. Cette situation caractérise un inacceptable républicain : la France à grande vitesse et la France lointaine.
Comme vous le savez, la pointe bretonne est en effet desservie par deux voies, construites au XIXème siècle selon les concessions de service public attribuées à l'époque. Cette réalité doit être intégrée par l’État et son opérateur pour que Brest et Quimper soient toutes deux placées à 3 heures de Paris, temps de trajet raisonnable comparé aux 2 heures du Paris-Bordeaux.
Par ailleurs, il est incontestable que le changement climatique et la nécessité de décarboner les transports de passagers et de marchandises imposent, de facto, le développement du rail comme grande cause nationale dont les corollaires sont la création de lignes nouvelles et la modernisation des lignes existantes. Dès lors, comment expliquer que le président-directeur général de la SNCF s'exprime de façon négative sur cette impérieuse nécessité et son application à l'Ouest breton ?
Enfin, je me dois de vous rappeler que la récente inscription du port de Brest au réseau central du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) impose à l’État et à son opérateur d'engager sans délai les travaux de modernisation de la ligne Rennes-Brest. Il s'agit de la mettre en conformité avec les exigences de la Commission européenne, notamment en matière de vitesse: 100 km/h pour les trains de fret et 160 km/h pour les trains passagers, vitesse commerciale permettant de relier Brest à Rennes en 1h30, donc Brest à Paris en 3 heures.
Telles sont les points sur lesquels je souhaitais attirer votre attention afin que vous puissiez appréhender correctement la question cruciale de l'amélioration de l'accessibilité, par le rail, de l'Ouest breton.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma sincère considération.